Une huile essentielle est composée de molécules naturellement synthétisées par la plante et de molécules obtenues lors de son processus d’extraction. L’extraction est l’un des facteurs clés de la qualité d’une huile essentielle. Mal réalisée, l’huile essentielle est dégradée et sa composition biochimique est altérée. Zoom sur les différents modes d’obtention …
La distillation, la méthode d’extraction des huiles essentielles la plus courante
La distillation à la vapeur d’eau
La distillation à la vapeur d’eau est la méthode la plus couramment utilisée pour la fabrication des huiles essentielles. Il s’agit de la plus productive et de l’une des plus douces.
- Foyer
- Chaudière
- Vase à fleurs
- Vidange de condensation
- Col de cygne
- Réfrigérant avec serpentin
- Sortie d’eau chaude
- Arrivée d’eau froide
- Essencier
Ce procédé consiste à faire passer de la vapeur d’eau, à basse pression, à travers les plantes aromatiques placées dans l’alambic. La vapeur d’eau permet l’ouverture de micro-poches d’huile essentielle contenue dans la plante et la libération des molécules aromatiques de ces huiles volatiles. La vapeur chargée en principes actifs est ensuite condensée. On retrouve le liquide de condensation de cette vapeur dans l’essencier. Ne reste plus qu’à séparer par densité, l’huile essentielle (le plus souvent à la surface car plus légère) de l’hydrolat ou de l’eau florale dans le cas des fleurs.
La distillation à l’eau
La matière végétale est complètement immergée dans l’eau et l’alambic chauffé pour amener son contenu à ébullition. À pression réduite, sous vide, la distillation à l’eau s’effectue à une température inférieure à 100° C, ce qui protége la matière végétale et l’huile essentielle qu’elle contient.
Cette technique permet d’extraire sans l’endommager les huiles essentielles sensibles à la chaleur telles le néroli. Elle est déconseillée pour les éléments végétaux à grande quantité d’esters car elle fragmente les esters dans les alcools et les acides carboxyliques obtenus.
L’hydrodistillation, hydrodiffusion ou percolation
L’hydrodiffusion est une forme de distillation à la vapeur. Cette méthode consiste à envoyer de la vapeur d’eau de haut en bas à travers la matière végétale. La condensation du mélange de vapeur contenant l’huile se produit sous la grille retenant la matière végétale.
Les avantages de cette méthode sont une production et une consommation moindre de vapeur, un temps de traitement plus court et une meilleure qualité de substances aromatiques. Ses inconvénients : les huiles essentielles sont chargées en substances non volatiles. On parle d’essence de percolation.
La distillation par combinaison eau-vapeur
Dans un alambic doté d’une source de chaleur, la matière végétale est immergée dans l’eau et la vapeur est introduite dans le mélange eau/matière végétale.
Critères d’une distillation irréprochable
La distillation est un procédé délicat, exigeant de l’expérience. Pour obtenir une huile essentielle de première qualité, les critères suivants doivent être respectés :
- La distillation doit se dérouler dans un alambic en inox, le cuivre et le fer pouvant former des oxydes.
- L’eau employée sera une eau peu ou non calcaire pour éviter de recourir aux détartrants chimiques.
- La température de la vapeur doit être juste assez forte pour permettre la libération des molécules aromatiques, sans l’être trop pour ne pas brûler l’élément végétal ou l’huile essentielle.
- La distillation doit s’effectuer à basse pression, entre 0,05 et 0,10 bars. Sous plus haute pression, des suroxydations peuvent se produire. Sous haute pression et température, la pyrogénation peut donner des huiles essentielles souillées de goudrons cancérigènes (ex : bois avec écorces).
- La durée de la distillation doit permettre de recueillir le « totum » de la plante, c’est-à-dire la totalité des molécules aromatiques. Exemple : Les ¾ de l’huile essentielle de thym vulgaire sont extraits en 30 mn, il en faut 60 à 90 supplémentaires pour extraire la totalité des phénols longs à passer.
La méthode d’extraction par pression à froid pour les zestes d’agrumes
Cette méthode d’extraction simple est uniquement utilisée pour les zestes d’agrumes : bergamote, citron, orange, mandarine, pamplemousse … L’essence de ces agrumes est contenue dans de minuscules poches situées sur la peau du fruit. L’extraction consiste à briser mécaniquement par grattage les » poches à essence » des zestes d’agrumes pour en recueillir les essences. Comme cette extraction n’implique aucune modification biochimique, le nom d’essence est conservé.
L’extraction par solvant
L’extraction au CO2 critique
L’originalité de cette technique repose sur le solvant, le dioxyde de carbone (CO2) qui est inerte chimiquement, naturel, non toxique et bon marché. Cette méthode consiste à faire passer un courant de CO2 a haute pression qui fait éclater les poches à essence et entraîne les substances aromatiques. Cette méthode d’extraction est très intéressante mais coûteuse et ne donne pas les mêmes notes olfactives que les huiles essentielles.
La procédure par épuisement : principe de création des concrètes et absolues
Ce procédé d’extraction des essences consiste à faire macérer sous vide les matières premières (mimosa, jasmin, violette…) dans des solvants volatils (hexane, benzène …) qui, après évaporation des solvants, donnent une pâte très aromatique appelée « concrète ». Les concrètes contiennent en général 2 à 3 % de solvants résiduels et sont inutilisables en aromathérapie.
Après dilution de la pâte dans l’alcool éthylique, la solution obtenue est filtrée pour éliminer les cires puis concentrée par distillation sous pression réduite afin d’éliminer l’alcool. Le produit obtenu est « l’absolue », véritable trésor aromatique utilisé en parfumerie naturelle.
L’enfleurage
L’enfleurage est habituellement réservé aux fleurs qui contiennent de très faibles concentrations en essences. Les fleurs sont mises au contact de graisses absorbantes qui se saturent progressivement en essence.
L’enfleurage à chaud est utilisé avec des pétales de fleurs moyennement fragiles (rose, par exemple) plongées dans un bain de graisse animale chauffé à plusieurs reprises. Lorsque les fleurs ont livré toute leur essence, elles sont enlevées et remplacées par d’autres, et ce, jusqu’à l’obtention d’une graisse saturée. La « pommade » d’enfleurage obtenu pourra être utilisée comme parfum solide.
L’enfleurage à froid est utilisé avec des pétales de fleurs fragiles (jasmin, par exemple). Le principe est identique, mais les pétales sont disposés sur une plaque de graisse froide. Cette méthode n’est pratiquement plus utilisée aujourd’hui car trop coûteuse.
Quelques exemples de rendements
On obtient 1 kg d’huile essentielle de :
- Eugenia caryophyllus à partir de 7 kg de boutons floraux de clou de girofle
- Lavandula reydovana partir de 50 kg de lavandin
- Lavandula angustifolia à partir de 150 kg de lavande vraie
- Helichrysum italicum à partir de 1 tonne d’immortelle
- Rosa damascenaà partir de 4 tonnes de pétales de rose de Damas
- Melissa officinalis à partir de 5 à 10 tonnes de mélisse citronnelle vraie
2 Commentaires
bonjour, je souhaite faire mes huiles essentielles, quel matériel me conseillez vous ?
Il y a des kits sur Amazon, pensez vous qu’il est bien pour démarrer
Bonjour Gilbert,
C’est une super idée !
J’ai eu l’occasion dernièrement d’en fabriquer à partir de lavandin. C’était génial, très rapidement, nous avons obtenu l’huile essentielle et surtout l’hydrolat de qualité exceptionnelle.
Envoyez-moi des liens, je regarderai de plus près.
A bientôt
Naturellement
Sophie