Pas de réglementation européenne d’encadrement des perturbateurs endocriniens

Absence de réglementation européenne des perturbateurs endocriniens

La Commission européenne tergiverse depuis des années, sous la pression de l’industrie chimique, sur l’adoption d’une réglementation contraignante pour encadrer la présence de perturbateurs endocriniens dans les produits alimentaires et d’usage quotidien. Après avoir été condamnée par la Cour européenne de justice fin 2015, elle rend une proposition en juin 2016 qui est en fait une absence de réglementation. Il n’y a plus qu’à se prendre par la main … garder sous la main une liste de perturbateurs endocriniens et s’interdire tout achat problématique …

Retard dans la réglementation des perturbateurs endocriniens

Le 16 décembre 2015, le tribunal de l’Union européenne a condamné la commission européenne de Bruxelles pour avoir « manqué à ses obligations » en ne respectant pas la date limite du 13 décembre 2013 fixée par le règlement N528/2012 sur les biocides pour l’adoption de « critères scientifiques pour la détermination des propriétés perturbant le système endocrinien ».

Cette condamnation fait suite à une requête de la Suède déposée, le 4 juillet 2014, auprès de la Cour de justice européenne visant à faire constater que la Commission, en ne statuant pas sur le sujet dans les délais impartis, a violé le règlement européen. D’autres États membres, le Danemark, la Finlande, la France, les Pays-Bas, s’étaient associés à la démarche suédoise, également rejoints par le Conseil européen et le Parlement de Strasbourg.

Les lobbies industriels et le retard de réglementation des perturbateurs endocriniens

Pour justifier son retard, la Commission a invoqué la nécessité d’une « étude d’impact » en vue d’évaluer les conséquences économiques de mesures contraignantes pour l’industrie chimique. Or cette étude d’impact, préalable à la définition scientifique des perturbateurs endocriniens, avait été expressément demandée à la Commission par l’industrie chimique européenne. Cette manœuvre révèle de l’ingérence du lobby industriel auprès des autorités européennes alors que de nombreuses études scientifiques tendent à prouver les effets néfastes des perturbateurs endocriniens sur notre système hormonal. Ces substances seraient en effet susceptibles d’être à l’origine de certaines pathologies (cancers hormonodépendants, puberté précoce, difficulté de procréation, surpoids, diabète…).

L’absence de réglementation à l’égard des perturbateurs endocriniens, un non-sens

La Commission européenne a annoncé, mercredi 15 juin 2016, sa proposition finale de réglementation des perturbateurs endocriniens.

Depuis plus de vingt-cinq ans, les éléments s’accumulent sur ces produits chimiques capables d’interférer avec le système hormonal des êtres vivants et soulèvent une vive inquiétude dans la communauté scientifique. Les estimations du coût, pour la société, des maladies liées à une exposition aux perturbateurs endocriniens avoisinent les 200 milliards d’euros par an en Europe.

Pour que les perturbateurs endocriniens soient réglementés, la commission propose que les effets nocifs d’une substance soient démontrés et qu’ils soient pertinents en termes de santé humaine. Les preuves scientifiques sur les êtres vivants ne sont pas suffisantes. La Commission exige un niveau de preuves d’effets nocifs très difficile à atteindre. Il faudra attendre d’observer les preuves des effets sur l’homme et attendre des années de dégâts sur la santé avant de pouvoir retirer du marché un perturbateur endocrinien.

Cette décision, prise par la commission européenne, totalement à l’encontre de la législation européenne qui défend l’évaluation des substances selon le danger intrinsèque qu’elles représentent et non pas le risque supposé qu’elles pourraient causer. L’obligation de précaution inscrite dans la loi est ainsi bafouée.

L’émission Enquête de santé sur les perturbateurs endocriniens

Extrait audio concernant la Commission Européenne
Durée : 2 mn 47

Liste de perturbateurs endocriniens … à éliminer de nos produits cosmétiques et d’hygiène

Triclosan dans le dentifrice, benzophénone dans le fond de teint, parabènes dans le rouge à lèvres, phtalates dans le parfum, diethyl phtalate (DEP) dans le vernis, resorcinol dans les colorations…

La liste des perturbateurs endocriniens dans nos cosmétiques est longue et non exhaustive.

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2 Commentaires

Habimana 31 octobre 2020 - 8 h 20 min

Quel est le traitement pour une personne déjà exposé?? Je suis Burundais Un membre de ma famille a été expose au triclosan il y’a une année, même aujourd’hui les signes sont là ,on a consulté les différents médecins dans notre pays sans succès. Quelqu’un peut nous indiquer où consulter s’il vous plait

Sophie 2 novembre 2020 - 9 h 48 min

Bonjour Habimana,

Désolée pour le membre de votre famille exposé au triclosan.
N’étant pas médecin, je ne peux pas malheureusement pas vous renseigner.
Voici quelques pistes :
– François Veillerette, directeur de l’association Générations Futures, francois@generations-futures.fr
– Centre Léon-Bérard de Lyon, 04 78 78 28 28, https://www.centreleonberard.fr/, centre spécialisé dans le cancer et PE

Bon courage
Sophie

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